MEMOIRES VIVES

Texte et Photographies par Delphine Lefebvre

Il y a 10 ans, ma grand-mère, Paulette, était invitée par le président François Hollande à la cérémonie des 70 ans du débarquement qui se déroulait sur la plage de Ouistreham.

Ouistreham, terre de mon enfance mais aussi terre d’Histoire. Paulette y a vécu jusqu’en 1943 après avoir fui le Nord. C’est là-bas que les Français et les Anglais débarquent le 6 juin 1944. C’est là-bas aussi qu’elle y rencontre mon grand-père. Et en 1958, ils achètent une maison dans laquelle j’irai passer tous mes étés jusqu’à mes 26 ans.

En 2014, même si je n’ai pas pu l’accompagner jusqu’à la cérémonie, j’étais avec elle pour ce moment historique. Dix ans après, ma grand-mère n’est plus là pour “célébrer” les 80 ans du débarquement. Dans ma famille nous n’avons presque pas de trace de ce que Paulette a vécu à cette époque. Ce travail je l’avais commencé mais trop tard… Une grande frustration pour moi aujourd’hui.

A l’approche de cette date anniversaire, je voulais donc réaliser un travail en hommage à ma grand-mère. Elle ne peut plus témoigner mais des hommes et des femmes le peuvent encore. C’est donc comme ça qu’à la fin de septembre dernier, je suis partie pendant plus d’un mois et demi à la rencontre des derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale. Des civils comme ma grand-mère qui avec leur histoire personnelle raconte la grande Histoire.

Dans les livres d’histoire nous en apprenons beaucoup sur les faits d’armes mais qu’en est-il de la vie quotidienne, la vie des civils ?

A chaque rencontre, le protocole est le même. J’avais prévenu en amont du déroulé de la séance. Nous commençons par l’interview. Afin de rester disponible pour la personne en face de moi, je pose l’appareil sur un trépied et je filme. En plus de contribuer à un travail de mémoire de plus en plus précieux, je compte récupérer les voix pour réaliser un film photo. Une fois l’interview terminée, je prenais le portrait photo que l’on voit dans la série.

En parallèle de ce travail de portraits, j’ai aussi effectué beaucoup de recherches afin de dresser le portrait du territoire Normand. Je me suis arrêtée aux frontières Normandes de par son passé entre le D-Day puis la Bataille de Normandie mais aussi car c’est une terre liée à mon histoire de famille. Pour continuer dans ma volonté de montrer cette période autrement, je me suis éloignée des endroits les plus touristiques pour mettre en lumière des faits moins connus.

Ce travail photographique documentaire mêle la mémoire vivante et la mémoire du territoire à travers des portraits et des photos de paysages.